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La disparition des lucioles – Etude du film Le Tombeau des lucioles de Isao Takahata (1988)

A propos :

Le tombeau des Lucioles est un film d’animation japonais réalisé par Isao Takahata, co-fondateur des studio Ghibli. Ce film est une adaptation d’une nouvelle semi-autobiographique de Akiyuki Nosaka, La Tombe des Lucioles. En 2005 le film sera une nouvelle fois adapté au cinéma mais cette fois-ci en prises de vues réelles sous le nom de Grave of Fireflies, par Tōya Satō. Nous allons ici nous intéresser sur sa version animée, qui prend forme en 1945 au Japon à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, à cette époque le Japon est en guerre contre les Etats Unis.  Le film débute sur des bombardements sur la ville de Kobé (« Kōbe » signifiant « porte des esprits »). Le film nous plonge dans l’histoire tragique d’un petit garçon (Seita) et de sa petite sœur (Setsuko), tous deux devenus orphelins après le décès de leur mère dû aux bombardements.

Dès le début du film nous savons que le personnage principal est déjà mort, le film va alors se construire à la manière d’un flashback. Ce flashback est la projection des souvenirs du personnage principal, Seita, qui va suivre sa vie passée avec sa sœur à travers ce film. Nous allons suivre les deux enfants dans leur quête, celle de survivre à la guerre ainsi qu’à la famine et au deuil de leur mère. Ce long-métrage se déroule dans des espaces temps qui différent, nous racontant une histoire déjà finie, achevée, où les personnages vont errer comme des fantômes. Nous remarquons qu’un insecte les suit durant toutes leurs épreuves, aussi bien lorsqu’ils sont fantômes que vivants (c’est-à-dire la représentation des souvenirs du garçon déjà disparu).  Le motif de la luciole va retentir à plusieurs reprises dans le film et va les accompagner dans leur vie, dans leur choix et dans leur mort. Ces insectes sont porteurs de nombreuses significations dans ce film, autant culturel qu’esthétique et psychologique, elles ont une valeur métaphorique et poétique. Grâce à l’animation le réalisateur peut les représenter de manière réaliste ou abstraite, passant d’un monde à un autre, guidant les personnages, les perdants. Elles deviennent à travers cette histoire des éléments de reconstitution du passé. Elles sont la représentation d’un traumatisme dû à la guerre et permettent de mettre en image la vie de l’auteur du livre dans toute la complexité d’un tel événement. L’animation réaliste, mais pas hyperréaliste, permet de retranscrire une atmosphère de guerre en mettant en avant les événements réels et les souvenirs des personnages. Le film va s’articuler entre événement traumatisants, souvenirs joyeux, réalité et imaginaire, afin de produire un récit et une esthétique de l’émotion, accentué par l’apparition des lucioles. Nous nous demandons alors, comment les lucioles sont-elles représentées comme des témoins du passé dans le film Le tombeau des Lucioles de Isao Takahata.

Dans une première partie nous verrons comment par le biais de l’animation le réalisateur a su retranscrire la vie d’être déjà morts, d’êtres éphémères, puis dans une seconde partie comment le film retranscrit un traumatisme de guerre à travers la figure des lucioles.

Souvenirs, faire vivre des êtres déjà morts

Capturer des êtres éphémères

La luciole se dit hotaru en japonais, les lucioles sont connues au Japon comme un spectacle grandiose lors de l’été, pouvant nous évoquer les sakuras (cerisiers japonais) qui fleurissent au printemps. Tous deux sont des spectacles naturels éphémères, qui ne durent qu’une dizaine de jour. Mais dans l’imaginaire collectif ces événements sont extraordinaires et affectionnent notre contemplation, et cela davantage car elles se font de plus en plus rare.Les lucioles sont des êtres qui ont une consonnance de fin, qui sont intraçable à part dans notre souvenir, tout comme l’humain et tout être vivants, elles sont vouées à s’éteindre. Comme Pier Paolo Pasolini le remarque dans son texte Le vide du pouvoir en Italie, où il fait une vive critique du pouvoir politique issus du fascisme en Italie, les lucioles sont en voie d’extinction. Il nomme cela la disparition des lucioles, selon lui, elles disparaissent à cause de la pollution atmosphérique, mais pas uniquement, Pasolini utilisait la métaphore de la luciole pour faire allusion au bouleversement des mœurs en Italie et du changement de la société. Elles vont être le symbole d’une humanité en voie d’extinction et de la perte des traditions paysannes. La disparition de ces êtres est dû à l’industrialisation culturelle et de la télévision, il dit qu’ « il n’y a plus d’homme ». Nous pouvons ici mettre en lien cette idée de disparition des lucioles et du peuple avec le film, qui met en avant un Japon rural par l’intermédiaire de ces personnages et de l’apparition des lucioles. Dans ce film, les lucioles vont apparaitre pour exprimer cette idée de disparition, ici, le peuple Japonais est face à la guerre et est donc voué à aussi perdre une partie de leur population, ici c’est la pollution de la guerre qui va faire disparaitre les êtres. Ce film, par le biais de l’esthétisme et le jeu avec les insectes va rendre compte de la complexité de capturer un être éphémère. Nous remarquons que capturer par le biais de l’image (que se soit du dessin ou de la photographie) un insecte dans son univers habituel n’est pas chose facile, mais encore plus lorsque cet insecte ne vit que quelques heures en tant qu’être lumineux. Ainsi créer un film autour de ces insectes n’est pas chose facile, cela engagerait un tournage très court et très précis pour qu’une histoire puisse s’organiser autour, ou l’utilisation d’effets spéciaux. Au niveau technique cela poserait des problèmes : comment éclairer des êtres qui sont déjà lumineux sans les effacer, car il faudrait des milliers de petites lucioles pour faire seulement produire l’intensité d’une bougie. Les insectes (et les êtres en général) sont imprévisibles, et il relève régulièrement d’une pure contingence lorsque l’on trouve ces bêtes à l’écran : « Né d’une pure contingence, un évènement s’est produit par hasard ce jour-là, et par hasard quelqu’un était là pour filmer. Ce qui est attrait à la contingence c’est toute la part d’imprévisible dans le cinéma. Si on se contentait de filmer ce que l’on a écrit le cinéma serait sans intérêts. » [1]  Cette idée de contingence et insecte va de pair, mais lorsque l’on utilise l’animation cette contingence n’en n’est plus une, et devient un élément clé du scénario, sa présence est prévue et prévisible afin de faire passer une émotion à travers l’insecte. L’animation permet de créer une nouvelle vision des insectes, sans doute plus réaliste que si elle était représentée en image de synthèse et qui permette d’accéder à une nouvelle lecture de sa représentation, plus métaphorique puisqu’elle peut intervenir à n’importe quel moment du film. Dans le film Grave of Fireflies en prise de vues réelles, les lucioles sont faites en images de « synthèse », ce qui les rend beaucoup moins réalistes que dans l’animation, elles ne semblent être que des tâches de lumière qui s’éparpillent dans le cadre. Alors que grâce au dessin nous avons accès à la composition morphologique de l’insecte, de ses ailes à son abdomen, et lorsque le réalisateur fait le choix de les faire apparaitre comme des boules luminescentes, c’est pour leur donner un caractère davantage féérique. L’échelle de plan va permettre de donner un aspect plus ou moins réaliste afin de nous faire comprendre l’état d’âme du personnage.  Les lucioles vont apparaitre à de nombreuses reprises dans le film, dans des scènes de joie et dans des scènes tristes, elles vont avoir une double utilisation dramatique. Par exemple lorsque les deux enfants se trouvent dans leur « bunker », les lucioles vont apparaitre lors de la nuit tombée, et vont éveiller une grande joie chez eux, mais elles vont aussi leur faire comprendre le sort de l’humanité, notamment pour la petite Setsuko.  Nous allons ici nous intéresser à une séquence qui se trouve à la moitié du film, dans cette séquence [50 : 40 – 56 : 00], un kamikaze vole dans le ciel, des petites lumières vertes s’éclairent pour signaler leur présence dans les airs, une luciole passe au premier plan au même moment. Setsuko fait la remarque que ces objets volants ressemblent à des lucioles, alors qu’ils en sont entourés dans la forêt.


[1] DEVILLE Vincent, dans le cours Poétique des cinéastes en 2016.

S’en suit une scène où les deux enfants décident d’attraper des lucioles. D’abord plongé dans le noir, dans leur nouvel habitat, une lumière va soudainement jaillir de l’intérieur des mains de Seita que l’on voit en gros plan, deux lucioles se trouvent à l’intérieur de celles-ci. Le visage du petit est éclairé par une de ces lucioles, puis celui de sa sœur. Dans un jeu de clair-obscur, elles éclairent des parties du visage des personnages, nous découvrons les sourires des enfants illuminés par la luciole, elles vont jouer avec eux, en se posant sur la petite Setsuko et sur la moustiquaire (qui est à la base un piège à insecte). Une musique douce accompagne cette séquence, Seita ouvre un sceau rempli de lucioles, des centaines en sortent et éclairent entièrement les enfants.  Un plan large nous fait découvrir les deux enfants autour de ces lucioles et le noir qui se trouve derrière eux, comme dans une nuit étoilée. Des gros plans vont nous les montrer de plus près, nous voyons le bout de leur corps éclairé de cette petite lumière verte qui clignote, qui n’est qu’une infime partie de leur corps.  Ils vont s’allonger pour admirer ce phénomène, comme pour des constellations, l’enfant s’imagine des formes à travers elles, un bateau qui flotte sur l’eau, une ville se trouve derrière, nous comprenons. Par le biais des lucioles, Seita va raconter à sa sœur un souvenir, celui d’un baptême de bateau, où il y avait leur père. L’imagination de Seita se projette sur les lumières des lucioles, nous montrant la scène-souvenir. De nombreuses lumières éclairent le bateau et des feux d’artifices jaillissent et illumine un peuple heureux. Le garçon se met à chanter une musique patriotique, et s’amuse à imiter le bruit d’une mitraillette en direction des lucioles, c’est à ce moment que le souvenir s’estompe et que Seita retourne à sa réalité, au manque de sa famille. Après cela, la petite fille s’endort et le grand frère lui fait un câlin, qu’elle refuse.  Par un gros plan, nous avons de nouveau accès à une luciole, réaliste cette fois-ci, elle n’est plus qu’une simple tache lumineuse, elle représente la réalité du monde, elle s’éteint doucement et tombe. Le moment où cette luciole s’éteins signe le moment où la petite fille va avouer à son frère qu’elle est au courant pour la mort de sa mère. Le lendemain, la petite fille creuse une tombe pour les lucioles qui se sont éteintes durant la nuit, qui leur ont permis de vivre un moment magique, elle en prend une dizaine dans ces mains et les jette dans le trou. Chez le petit garçon, ce geste va lui rappeler les corps que l’on jette dans un trou pour ensuite les bruler, comme ils l’ont fait sous ses yeux avec sa mère. La petite fille lui annonce alors qu’elle est au courant de la mort de sa mère, et qu’elle sait qu’elle est enterrée (alors que ses cendres reposent avec eux, dans leur abris). Setsuko se pose alors la question de « Pourquoi les lucioles meurent-elles tellement vite ? ». Elle va comprendre ce qu’est le décès à travers cet événement, elle comprend ce qu’est la « disparition » d’un être. Le film permet alors de capturer la mort d’être éphémère, de montrer la disparition d’une mère par le biais des insectes. 

Le motif de la luciole est directement relié à celui de la mort, de la perte par son caractère fugace et donc la fragilité de la vie. Dans ce film, les lucioles vont être l’allégorie de la perte de la mère et du deuil de la petite fille à travers elles. Mais elles vont être également l’allégorie de la mort de la petite fille elle-même, qui ne peut que s’identifier à elles. 

Entre les éléments, montrer la mort d’un enfant.

Ce film interroge de près la mort et la disparition des humains, du peuple Japonais. Les lucioles sont la représentation de cette disparition et par leur intermédiaire nous allons vivre la mort des personnages principaux. En effet, dès le début du film nous rencontrons le fantôme de la petite Setsuko, mais narrativement nous ne savons pas qu’elle est déjà morte, c’est l’utilisation d’éléments esthétique qui nous fait comprendre qu’elle est un fantôme. Nous la découvrons pour la première fois après qu’un gardien de la gare jette la petite boite de bonbon que gardait Seita, presque mort, toujours sur lui (nous apprenons à la fin du film que dans cette boite se trouve les cendres de sa sœur). Ce geste montre la déshumanisation, l’individualisme de cette société en guerre, mais ce geste va également conduire à l’apparition d’une nuée de luciole de couleurs rougeâtres, et de celle de Setsuko. Par leur apparition similaire, nous comprenons dès le début que ces êtres vont être liés durant toute l’histoire. Nous remarquons que la petite fille va tout comme les lucioles être liés à deux éléments : le feu et l’eau.

L’eau est un apaisement pour les enfants, c’est après un bain qu’ils découvrent les lucioles pour la première fois, elles vivent auprès d’étendu d’eau tout comme eux qui vont suivre leur chemin.  Dans cette séquence au bord d’une rizière, la luciole est impossible à attraper pour Setsuko, tout comme se rendre compte de ce qui est en train de se passer.  Seita va en attraper une dans ces mains pour la donner à sa sœur. Au début elles apparaissent seulement comme des petites tâches lumineuses, puis nous allons avoir accès à la composition de son corps dans un plan moyen lorsqu’elle se trouve encore dans les mains du garçon. Dès que la petite fille l’attrape, trop brusquement, celle-ci cesse de clignoter et meurt écrasée, briser entre les mains de la petite qui n’a pas su l’attraper correctement.  Elle ajoute qu’elle ne sent pas très bon une fois écrasé. Il lui en attrape une autre, qu’il essaie encore une fois de lui offrir mais elle va s’envoler. Les deux personnages vont alors vagabonder autour d’un étang où se trouve des milliers de lucioles, une musique calme retentit. A ce moment, le garçon décide d’offrir à sa sœur un bonbon, c’est un moment de joie et de douceur pour les personnages. Nous comprenons que la luciole est une chose impossible à atteindre pour la petite fille, la luciole serait la représentation d’une vie lumineuse mais courte, elle ne peut avoir une vie longue et heureuse, elle est vouée à disparaitre, tout comme elle. Setsuko, tout comme les lucioles est une lueur d’innocence, une enfant, bercée par une société en crise. Georges Didi-Huberman écrit dans son ouvrage Survivance des lucioles, réponse à Pasolini, que les lucioles sont pour l’essentiel « […] la comparaison établie entre les lueurs du désir animal et les éclats de rire ou les cris de l’amitié humaine, demeure cette joie innocente et puissante qui apparait comme une alternative aux temps trop sombres ou trop éclairés du fascisme triomphant. » [1]

En effet, les lucioles vont représenter les moments de joie chez ces enfants, notamment grâce à l’élément de l’eau qui apparait à plusieurs reprises comme représentation de bonheur et de souvenirs, toujours mélangé avec un retour à la réalité douloureux (par exemple lorsqu’ils sont à la mer en train de se baigner et que l’alarme retentit, brisant ce moment.) De plus, l’eau est associée aux larmes de la petite fille, que le grand frère calme grâce aux bonbons, il va même mettre de l’eau à l’intérieur de la boite afin d’acquérir les derniers bonbons collés au fond en les transformant en une eau aromatisée.  Lorsqu’il pleut ce sont des moments où les enfants s’amusent sous celle-ci, c’est aussi à un moment de pluie où ils vont pouvoir manger à leur faim après avoir reçu l’argent de leur mère. Les lucioles et l’eau sont donc liés au bonheur de Setsuko, l’eau est là où ils se réfugient, là où les lucioles apparaissent et où ils vivent des moments joyeux. Mais l’eau est également en confrontation avec le feu, c’est la pluie « de cendre » qui va éteindre les bombardements. 

Il y a donc une opposition entre le feu et l’eau mais qui sont liés par l’insecte de luciole et de Setsuko, toutes deux se trouvant entre ces deux éléments. Le feu est un leitmotiv du film, il est les bombes incendiaires, les lucioles semblant être cendres lorsqu’ils sont fantômes, le coin de feu pour survivre.  Les lucioles sont associées à ces deux éléments, elles se confondent aux flammes des bombardements, et vivent près de l’eau : les avions volent au-dessus de la mer pour aller vers la ville. Le feu va avoir une double valeur : celle de faire peur et de les aider à survivre, puisque le soir venu, ces boules de feu vont devenir des lueurs d’espoir auprès de l’eau. D’ailleurs, nous pouvons remarquer que le kanji (symbole de l’écriture japonaise signifiant des idées ou objets) pour écrire le mot « luciole » n’est pas celui utilisé habituellement, dans ce titre il est décomposé en trois autres symboles, deux kanjis et un d’hiragana (autre écriture japonaise simplifiée, qui représente une syllabe, afin d’éviter des confusions). Ce titre signifie « le feu qui tombe par gouttes »[2], autant que pour la nouvelle que pour le film, en référence aux bombardements. Dès le titre et l’affiche nous voyons le lien étroit entre l’insecte-luciole et la guerre, entre le feu des bombardiers et l’eau du refuge. Le mot « tombeau » évoque directement la mort, la noirceur alors que le mot luciole image l’idée de lumière et de vie, ces deux termes vont être lié tout au long du film, entre joie et malheur, mort et vie pour les enfants et le peuple japonais. La mort de Setsuko est montrable grâce aux lucioles qui la suivent et qui vont « creuser » sa tombe. A travers elles, nous découvrons le traumatisme de perte dû à la guerre.


[1] DIDI-HUBERMAN Georges, Survivance des lucioles, Ed : Minuit, 2009, p. 4

[2] SWALE Alistair, Memory and forgetting: examining the treatment of traumatic historical memory in Grave of the Fireflies and The Wind Rises, Japan Forum, 2017.

La luciole va être une allégorie de Setsuko, qui vit entre l’eau (leur abri) et le feu (la ville en proie aux bombardements) et meurt de malnutrition à la fin du film, elle meurt jeune tout comme les lucioles qui ne vivent qu’un temps très court.  La petite fille est également liée à la boite de bonbon, signifiant le problème de famine du pays qui va causer la mort de Setsuko.  A la fin du film, Setsuko change drastiquement physiquement et psychologiquement, la petite fille, amaigri, perd la tête à cause de malnutrition. Dans ces images dures à regarder, nous voyons la petite fille allongée, le regard vide qui hallucine, elles pensent que des bouts de terre sont de la nourriture et prend des billes plates pour des bonbons. Son frère lui offre enfin de quoi manger, mais c’est lorsqu’elle peut enfin avaler quelque chose de comestible qu’elle meurt. S’en suit le deuil du frère et la crémation de l’enfant, encore entourée d’une nuée de luciole. Du début à la fin du film ces êtres sont associés, elles vont être la représentation de la mort et de l’impossibilité de survivre. Elles sont les témoins et la manifestation de la vie courte de cette enfant.

Raconter la guerre

Les lucioles vont donc être la représentation d’un traumatisme, celui de la guerre et de la mort d’une sœur, retranscrite par l’image cinématographique en s’appuyant sur le texte de Akiyuki Nosaka. Jacques Rancière écrit que l’image a pour fonction de rendre sensible ce qui est inhumain, « Par la puissance réglée des mots et des images, joints ou disjoints, [l’art est] seul à rendre sensible l’inhumain.  L’esthétique sait depuis longtemps que l’image contrairement à ce que croit et fait croire la machine d’information, montrera toujours moins bien que les mots toute grandeur qui passe la mesure : horreur, gloire, sublimité, extase. Aussi bien ne s’agit-il pas d’imager l’horreur mais de montrer ce qui justement n’a pas d’image « naturelle », l’inhumanité, le processus de négation de l’humanité. C’est là que les images peuvent « aider » les mots, faire entendre, dans le présent, le sens présent et intemporel de ce qu’ils disent, construire la visibilité de l’espace où il est audible ».[1]


[1] RANCIERE Jacques, « Face à la disparition » , Dans Figures de l’histoire (2012), pages 45 à 54

Entre ombre et lumière

Nous remarquons que ces lucioles sont alors ombre et lumière, elles vont être la représentation de la joie des enfants mais également, le jour venue, le retour à la réalité de la guerre qu’ils ne peuvent totalement comprendre et appréhender au vu de leur jeune âge. Les Lucioles vont faire partie intégrante de l’esthétisme du film et vont résonner par leur lumière sur les personnages eux-mêmes.

La luciole est un coléoptère, leurs larves sont connues pour avoir la capacité de fabriquer des éléments qui leur construisent une partie du corps brillant. On appelle cela « La bioluminescence,  qui est la production et l’émission de lumière par les organismes vivants »[1]  Ces insectes sont connus pour clignoter en rythme. Et comme nous venons de le voir, ce sont des insectes avec une durée de vie très courte lorsqu’ils ne sont plus à l’état larvaire. Les lucioles vont donc être à la fois ombre et lumière, peine et joie, rêve et jeu, fuite et réalité (le deuil). L’utilisation de l’ombre et de la lumière sert à représenter la transformation, l’évolution. Au cinéma, « Saisir la bonne lumière est essentiel parce qu’elle va représenter sur un écran plat le relief, les mouvements et les couleurs du monde, selon les choix du réalisateur et de son équipe, sublimer ou distordre l’espace réel, créer un espace imaginaire. » [2]

C’est ce que nous remarquons lors de la séquence où Setsuko fait un cauchemar nocturne et qu’elle appelle sa mère en pleure, Seita [45 :00] l’emmène dehors pour la calmer, des lucioles flottent dans l’air (bruit des grenouilles) mais l’alarme de la ville va une nouvelle fois retentir, et les lucioles qui étaient parsemées dans le cadre se regroupent et s’agitent dans l’arrière-plan. La lumière verte qui en émane devient orangé, et les personnages vont à leur tour être pris sous ma lumière chaude des flammes. Leurs fantômes réapparaissent (la petite fille reporte son capuchon alors qu’elle était en pyjama) et vont s’enfuir dans la nuit, ils partent en arrière-plan et les lucioles en boule de feu sont au premier plan, flou. On les voit parcourir les rizières, Setsuko sur le dos de Seita, la voix de la tante qui résonne en extradiégétiques « Où vas-tu Seita ? Encore dans ton abri ? Tu ne crois pas que tu devrais aller aider les pompiers à ton âge ? ». Les deux protagonistes, fantômes (habillé d’une tenue militaire et d’un capuchon pour la petite) arrivent au bord d’un coin d’eau, la lumière rouge les éclaire dans le dos. Un mouvement de caméra nous montre ce qui se trouve sous leurs yeux : l’écran est coupé en deux entre la couleur rouge et les couleurs naturels de la nuit (vert et bleu), en contre-bas se trouve les petits enfants sous un petit abris. Ils sont dédoublés dans l’image. Les petites boules lumineuses, semblant à des cendres glissent sur l’écran.


[1] Site – Altlane, « La bioluminescence lumière », 29 janvier 2019.

[2] LANNUZEL Michelle, « « Espace et lumière au cinéma, Dans Raison présente 2015/4 (N° 196), pages 65 à 71

Il y a une double narration dans ce film, celle de Seita en tant que fantôme, et celle de son passé, les deux vont différer dans la colorimétrie. Le fantôme apparait lors de moment important de la narration, qui amène les enfants dans leur malheur.  La lumière rouge est la couleur qui représente les fantômes des personnages, comme sous la lumière perpétuelle des flammes. Ils observent d’un point de vue extérieur leur propre histoire qui se déroule sous nos yeux. Les lucioles vont apparaitre dans ces moments où les fantômes errent, où on ne sait plus si c’est leur fantôme ou si ce sont vraiment eux. Ils sont coupés du reste de l’espace par cette couleur qui les englobe.  Dans cette séquence, les enfants vont fuir la réalité trop dure, par cela Seita « refuse » à participer à l’effort de guerre. Nous pouvons remarquer que ce film est basé sur une semi-autobiographie, effectivement l’auteur, qui est Seita dans le film, se présente comme déjà mort, avec un point de vue externe à l’histoire, or si il conte cette histoire à cette époque c’est qu’il en vit. Nous pouvons voir à travers ces fantômes et le personnage de Seita, la culpabilité de l’auteur à ne pas avoir participer à l’effort de guerre, même il s’en dégage des moments heureux avec sa sœur, qu’il n’a pu sauver.

La luciole va donc apparaitre sous une forme ressemblant à des cendres ou des flammes lors des moments de guerre, de bombardements. Elles vont « jouer » des tours à ces enfants, en les amenant à ce lieu, la cabane. Nous remarquons que la luciole ressemble étrangement à un autre mystère du folklore japonais, le hitodama (qui signifie l’âme humaine en Japonais, ou ohibi (feu démoniaque).

Ce terme désigne l’apparition de l’esprit d’une personne qui n’est plus de ce monde. Le hitodama ressemble effectivement à une luciole par son caractère luisant car c’est une boule de feu, souvent bleu. De plus selon la légende le hitodama laisse une trace visqueuse derrière lui, tout comme certains insectes.

Selon la tradition, ils sont visibles lors de l’été et le soir (tout comme les lucioles), mais son également particulièrement présent dans les cimetières et dans les forêts ou coin d’eau. Mais voir un groupe de ces petites boules bleus annonce quelque chose de funeste selon les traditions. Le hitodama est finalement l’apparence des âmes qui ont quitté le corps, tout comme dans la culture Occidental le feux-follets, ce sont des esprits « malins ».  Ils vont jouer des tours aux humains, les perdants dans leur quête ou leur voyage, les faisant tomber dans des ravins ou dans l’eau, pouvant faire lien avec leur abri, où ils vont prendre refuge, loin de la société, qui les conduira à leur perte.  Le symbole de la luciole et celui de hitodama sont liés, tous les deux sont la représentation de la mort, des esprits qui quittent le corps mais représente aussi le deuil de ceux parti trop tôt.  Les « lucioles », qu’elles soient insecte ou feu, vont conduire les personnages du début du film à leur mort, en ce temps de guerre, elles vont être une projection des souvenirs des enfants, fantômes ou vivants. 

La Guerre par le regard enfantin ?

Les motifs de la luciole fait partie intégrante de la culture japonaise, notamment en littérature et plus encore en poésie. Il y a un grand engouement autour de cet insecte aux allures féérique. A la fin de la période Nara (aux alentours de l’an 760) les lucioles était un grand symbole dans la littérature, notamment grâce à la parution du Man’yoshy qui est la plus ancienne anthologie de poésie Japonaise. A cette époque, la luciole symbolise l’amour passionnée, cette métaphore sera utilisée de façon « plus légère » jusqu’à la fin de l’ère Edo (1603-1867)[1].  

Les lucioles sont donc « une métaphore de l’amour passionnée », mais elles sont également « la manifestation des âmes des guerriers morts au combat » (les pétales de cerisiers ont aussi ce rapport avec la mort puisqu’ils symbolisent la vie écourtée des samouraïs).  Effectivement, dans le Sud-Ouest du Japon, la luciole porte une autre signification, elle représente la bataille maritime de Dan nou ra, qui eut lieu en 1185. Depuis cet événement, les Japonais de la région vont voir les lucioles qui se trouvent au-dessus du fleuve, elles représenteraient l’âme des guerriers Taira qui sont morts lors de cette bataille. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, cette imaginaire autour de la luciole revient malheureusement au gout du jour comme représentation de l’âme des soldats qui ont dépéris lors de la guerre. L’image de la luciole est alors largement associée à la fugacité de la vie au Japon.


[1]  CAMELIA Ophélie, Les Lucioles du Japon.

Le film débute par l’apparition du personnage de Seita, éclairé d’une lumière rouge, il dit « la nuit du 21 Septembre 1945, je suis mort. » Par un raccord regard, nous voyons la projection de son souvenir : celui de son corps affamé dans la gare de Kobé, passant de l’ombre à la lumière. Le petit garçon semble alors être une luciole, un être qui a disparu mais qui va nous raconter son histoire. Dès ce début de film, nous sommes plongés dans l’univers de la guerre, montrer du point de vue des civiles et non des militaires, mais surtout de celui de deux enfants. Durant tout le film, l’atmosphère de la guerre va peser sur les images, où nous allons avoir accès à une multitude d’événement traumatisants pour ces enfants. Tout d’abord les premiers bombardements du film qui vont engendrer la mort de leur mère, et ainsi bouleverser toute la vie de ces enfants. Seita va devoir faire face au corps mourant de sa mère à deux reprises, une première fois où les médecins vont lui montrer sa mère alors qu’elle est dans un très mauvais état, il est impossible de la reconnaitre, elle est momifiée, seule sa bouche ressort de ses bandages qui l’entourent, comme enfermée dans une chrysalide qui allait la conduire à sa perte. Ils ne vont pas lui annoncer la mort de sa mère, mais plutôt lui faire voir et vivre cette mort, puisqu’elle est insoignable, irrécupérable, voué à s’éteindre après s’être fait bombarder, après être allé sous la lumière des projectiles volant, tout comme une luciole qui s’éteins une fois qu’elle s’allume. C’est une image traumatisante d’une mère à l’agonie. Après ces images bouleversantes, alors que quelques heures plutôt il était en train de discuter avec elle au seuil de la porte d’entrée de leur maison qui est maintenant détruire. Le petit va revoir sa mère une seconde fois, c’est à ce moment que le cadavre de la mère est transporté. Sur son corps se trouvent de nombreux petits insectes et bestioles qui grouillent dessus (des mouches, des vers…), nous voyons un corps en train de pourrir sous nos yeux, nous avons tous les détails de cette putréfaction. Nous voyons la peau qui se trouve sous ses bandages, complétement brulé, crouté, en lambeau, le personnel qui s’occupe du corps dit même « il faut vite s’en débarrasser » puis nous les voyons passer devant le jeune garçon qui voit sa mère dans cet état de décomposition. Ces images que nous pourrions appeler « inmontrable » ou même « in-filmable » se déroule sous nos yeux, l’atrocité de la guerre et la mort d’un parent est ici imagé. Ici, les insectes ne vont plus signifier la mort au combat mais la mort du peuple qui tombe sous les bombardements. Les personnes qui s’occupent du corps de sa mère vont lui donner un objet, une bague ovale et verte qui peut nous rappeler la forme des lucioles, sa mère serait alors elle aussi une luciole partie trop vite. Les lucioles vont avoir cette double valeur, celle des bombardements et celle de la vie qui s’éteint, elles sont associées au feu, c’est cet élément qui va tuer et incinérer la mère, littéralement jeté au buché avec une multitude de cadavre, mais également à la mort de Setsuko, qui sera incinérée par son frère, accompagnée d’une multitude de lucioles, Les lucioles vont illuminer la vie de sa petite sœur pour ensuite s’éteindre avec elle.

          De nombreux films d’animations ont tenté de retranscrire des problèmes de sociétés et le traumatisme dû à la guerre “Le dessin était indispensable pour s’affranchir du réalisme, pour restituer l’absurdité de la guerre et les errements de la mémoire”, déclare Ari Folman.[1] L’animation à laquelle nous sommes habitués va se transformer pour permettre de montrer l’atrocité d’un monde, de parler de l’horreur d’une nouvelle manière. L’écrivain Akiyuki Nosaka de La Tombe des Lucioles, au début refusait une adaptation cinématographique de sa nouvelle, car certains passages étaient beaucoup trop complexes à reproduire au cinéma. Il n’était pas question de faire mourir une petite fille de quatre ans sur les écrans. Le réalisateur Takahata lui propose alors une adaptation en animation, qu’il acceptera. Pour aborder la guerre et ses traumatismes, le réalisateur utilise des lucioles comme représentations des nombreux problèmes dû à cet événement, les lucioles vont être la métaphore de promesse qui ne pourront pas être tenue par le personnage de Seita, la promesse que sa mère va bien, que leur père va leur répondre, que la fin de la guerre approche et surtout celle qui porte le personnage, l’espérance que sa sœur survive, qu’il puisse lui offrir une meilleure vie. Les lucioles vont illuminer la vie de sa petite sœur pour ensuite s’éteindre. Seita ne cesse de prendre des mauvaises décisions, car il ne peut comprendre les enjeux de la guerre et de ce qu’elle engendre. Ils vont se créer un cadre de vie hors de la société, avec leur propre ciel, celui des lucioles. Tout au long du film, nous suivons ces personnages dans leur innocence, tout en sachant qu’ils sont voués à mourir, l’aspect dramatique est encore plus présent car nous savons où ces choix vont les mener. Seita manque de responsabilité puisqu’il est un enfant. La tante ne leur laisse rien à manger alors que c’est eux qui ont ramené des provisions, puisqu’ils ne travaillent pas ils méritent moins, ce qui est logique lors d’un événement tel que la guerre. Lorsqu’elle leur donne à manger, ils n’auront le droit qu’au bouillon et non aux ingrédients qui se trouvent à l’intérieur. « Il faut faire un effort pour aider la patrie », il ne pourra manger que si il travaille, alors qu’ils ont vendus les affaires de leur mère pour pouvoir y gouter. Ce film peut alors être perçu comme un film antimilitariste puisque Seita « préfère » s’occuper de sa sœur plutôt que d’aller à l’effort de guerre, comme lui reproche sa tante à de nombreuses reprises. Nous pouvons en déduire que c’est le nationalisme du pays qui le fait aller à sa perte, mais en plus à celle de sa sœur, qui va subir les conséquences de l’innocence de son frère face à la guerre. Dans ce film, nous allons assister à la mort de la petite fille, alors âgé d’à peine quatre ans, et de celle de Seita, tous deux morts à cause des conditions lors de l’heure de la guerre.


[1] Ari Folman réalise Danse avec Bachir en 2008. Ce film retrace un traumatisme dû à la guerre du Liban dans les années 80.

In fine, nous remarquons que les lucioles sont témoin d’un passé historique et celui des souvenirs des enfants, elles vont se situer entre mémoire et traumatisme. Georges Didi-Huberman, écrit un texte en réponse à celui de Pasolini qui se nomme La survivance des Lucioles, dans cet ouvrage, il dit que « Dans le spectacle obscur du temps présent, on peut encore voir survivre quelques « lucioles », témoins fragiles de notre histoire ». [1] La scène finale du film va en accord avec cette idée, nous retrouvons les deux enfants-fantômes, en train d’admirer ce qui se trouve devant eux : la nouvelle ville de Kobé qui n’est désormais plus en ruine, ce sont des multitudes de lumières qui se trouve dans le monde urbain sous leurs yeux, des lucioles les accompagne dans ce dernier plan. La vie a continué et la guerre est désormais finie. Les lucioles, dans cette séquence, prennent un dernier sens, elles sont le symbole d’une transformation et de la modernité : les nouvelles lucioles sont celles qui émane de la ville. Le passé et le présent peuvent désormais co-exister dans cet univers d’après-guerre. A travers ce film, les lucioles vont permettre de montrer un traumatisme de guerre, de représenter des souvenirs heureux et de rendre compte de l’atmosphère d’un tel événement, elles vont créer deux mondes dans l’univers du film : celui des enfants et celui de la guerre, en perpétuelle confrontation, tout comme les corps des personnages qui se trouvent entre souvenirs et fantômes. Ici, dans ce plan final, tout est en cohésion, ce n’est plus le passé mais le futur qui apparait. Mais nous remarquons que les lucioles ne sont pas les seuls acteurs qui nous confronte à cette mémoire, de nombreux autres insectes apparaissent dans le film afin de nous faire accéder à l’état psychologique du personnage dans un contexte donné. Par exemple, avec les mouches, qui sont sur les cadavres ou les personnes presque mortes. Lors de la première séquence du film, on apprend la mort du garçon par son fantôme, une mouche vient se poser sur son corps en train de s’éteindre. Les moustiques sont, quant à eux un animal menaçant, les empêchant d’être paisible lors de leur nuit. De plus la figure du papillon, qui, de façon beaucoup plus légère représente le bien être des personnages lorsqu’ils se baladent, mais sont également synonyme de jeu (flash-back de la petite fille morte qui joue avec). Les fourmis, elles, sont des compagnons de jeu qui récupèrent les miettes (alors qu’elle ne peut manger), avec qui elle reste lorsqu’elle attend son frère à la banque dans des moments difficiles. Ainsi, une fourmi sera sur la joue de la petite fille lorsque son frère la retrouve allongée par terre, inanimée, évanouie. Plus tard, lorsqu’elle mourra, Setsuko ne pourra pas avoir avoir la dernière « miette » pour survivre : c’est aussi les fourmis qui vont manger les restes de la pastèque, dernier repas trop tardif de Setsuko. Dans ce film, les insectes vont être des témoins d’un passé, celui de ces jeunes enfants qui ont dû survivre durant la guerre, ils vont être la représentation de la « tombe » de ces enfants, conservée à travers ce film.


[1] DIDI-HUBERMAN Georges, Survivance des Lucioles, Ed : Minuit, 2009, p.59

Bibliographie :

  • DIDI-HUBERMAN Georges, Survivance des Lucioles, Ed : Minuit, 2009
  • LANNUZEL Michelle, « Espace et lumière au cinéma », Dans Raison présente,  2015/4 (N° 196).
  • PASOLINI Pier Paolo « Disparition des lucioles », dans Le vide du pouvoir en Italie, 1er février 1975, Traduit par Annick Bouleau le 28 février 2012.
  • RANCIERE Jacques, « Face à la disparition », Dans Figures de l’histoire, 2012.
  • SWALE Alistair, « Memory and forgetting: examining the treatment of traumatic historical memory in Grave of the Fireflies and The Wind Rises », Japan Forum, 2017.

Sitographie :

http://www.amboilati.org/chantier/pier-paolo-pasiloni-la-disparition-des-lucioles/

https://www.cairn.info/revue-lignes-2005-3-page-63.htm

https://www.cairn.info/revue-l-autre-2002-1-page-69.html

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